Un passage obligatoire.

L'attaque de la Forteresse avait fait du bruit dans tout Binla, non sans l'aide d'une Korrigane dont on ne citera le nom ici. La reine, dès le lendemain, avait pris des mesures draconiennes contre les malfrats.
Ainsi, la surveillance des portes de la ville, désormais toujours entre-fermées, avait été renforcée, obligeant quiconque voulait quitter la ville à subir une fouille.
Les gardes avaient été mis au courant des personnes recherchés et n'hésitaient pas à arrêter ceux qui pourraient correspondre à la description données.

De plus, les murs entourant la ville disposaient de garde qui étaient disposés à intervalle régulier et assez proche pour ne permettre aucune intrusion. Les portes, quant à elle, étaient étroitement gardées.

Quartier de la roche noire

Lorsque Yorwan arriva à proximité des portes de la ville, il eut la désagréable surprise de voir que les gardes procédaient à une fouille minutieuse de quiconque tentait d'entrer ou de sortir. Ne sachant pas exactement ce que les gardes savait de lui, il opta pour la sécurité. Premièrement, il fit demi-tour et retourna chez lui pour se préparer mais il dut abandonner ses deux cimeterres qui ne serviraient qu'à le faire prendre. Il les cacha soigneusement chez lui, puis, grâce à des bandes de tissus, il se couvrit la totalité du corp tel une momie.

Avec sa dague, il fit de larges entailles au niveau de sa main droite et couvrit un peu de sang les bandages. Enfin il rangea sa dague avec d'autres affaires sur son cheval et retira tout les documents qu'il avait au départ espéré prendre avec lui. Il ne passerait pas la porte de Binla en tant que conseiller. Il se banda également les mains et mit ses vêtements par dessus ainsi qui sa cape avec laquelle il se couvrit le visage. Et finalement il put retourner passer le contrôle il arriva en marchant lentement, le dos courbé, tenant son cheval par la bride. Dans une rue voisine, il avait pris soin de se bander les yeux afin de rendre son personnage encore plus inoffensif aux yeux des gardes.

Il se dirigea vers la porte avec lenteur, peut être qu'après tout il pourrait passer sans être dérangé.

Y croire était chose vaine. En effet, un garde avançant dans sa direction avant que Yorwan ne puisse mettre un pas hors de la ville tout en l'interpellant.

"Hé vous, là ! Arrêtez-vous."

Le garde arriva au niveau de ce qui semblait être un vieillard. Celui-ci avait les yeux bandés, probablement aveugle. Le garde ne pensa pas que cela pouvait être une ruse permettant de cacher la couleur de ses yeux. Néanmoins, qu'il ne veuille ou non, le vieillard devrait se plier au même traitement que les autres personnes voulant quitter la ville.

Le garde n'appréciait guère de devoir fouiller tous ces gens, mais il en comprenait la raison. Ce qui s'était passé à la forteresse était une insulte à la garde et de telles dispositions ne pouvaient qu'être prises. Hors de question de laisser ces brigands s'en sortir si bien.

Les espoirs de Yorwan furent bien vite brisés par la voix d'un garde qui l'interpella. Il fallait maintenant être assez habile pour tromper la vigilance du soldat.

-Je vous en prie messire, faîtes votre travail.

Il simula une violente toux qui le plia en deux ou tout du moins il fit mine d'être plié en deux. Puis comme si le garde l'avait interrogé il s'expliqua.

-Je crains de ne plus en avoir pour très longtemps... Le mal qui me ronge grandit peu à peu, il a déjà dévoré une bonne partie de mon corp ainsi que mes yeux. Mais vous savez brave homme, le pire n'est peut être pas la douleur que vous inflige les plaies qui vous couvrent le corps, mais sans doute le regard des autres, rempli de haine et de craînte. La contagion vous savez, c'est en grande partie pour cela que je dois partir. La lèpre est un véritable fléau et je dois en supporter le poids.

Il espérait que son petit monologue avait stimulé l'imagination et la crainte du garde.

[HRP] Je t'avais donné une seule excuse pour laquelle je te laisserai passer... et toi tu touches juste directement... je te hais XD [/HRP]

Le garde observa l'étrange personnage tout en ne sachant que penser de tout cela. Il avait entendu parler de lèpre : c'était une abomination maladive qui avait déjà fait beaucoup de morts. Néanmoins, il ne savait pas si cela donnait la toux et ne préférait pas le savoir. Le jeune garde en avait bien trop après sa vie pour vouloir s'approcher de ce malade et d'attraper cette foutue maladie. Il avait une nouvelle amie, rencontrée il y a peu et ne voulait pas la perdre si vite.

"Oh... je vois. Je... je vois. Je suis désolé de vous déranger, mais..."

Le garde laissa sa phrase en suspend. Il s'apprêtait à demander à Yorwan d'enlever son bandeau des yeux mais hésitait maintenant. Il ne savait pas dans quel état étaient les yeux de cet homme et n'était pas certain de vouloir le savoir.

"Allez-y, passez..."

Le garde se retrouvait dans un état proche du dégoût. Il imaginait déjà le corps en putréfaction de l'homme : c'était la seule chose qu'il savait de la lèpre, du moins le croyait-il.

Yorwan inclina légèrement la tête puis s'éloigna doucement sans trop en faire, inutile de forcer sa chance. Il avait put constater, non sans une certaine satisfaction, que sa visite à la forteresse avait fait une forte impression à la reine. Celle-ci se montrait particulièrement efficace et d'autant plus dangereuse.

C'était un réel plaisir pour le drow que de voir l'effervescence provoquée par ses actions. La tension était palpable autant dans la foule que parmi les gardes qui semblaient prendre cette affaire très à coeur. Mais rester en ville était vraiment devenu trop dangereux pour lui et il ne regrettait nullement sa décision.

Quant à Fylik, l'elfe noir doutait que les autorités possèdent suffisamment d'indice pour inquièter l'habile semi-homme. Le seul risque était que Kanell ne parvienne pas à voler la potion de soin, pour le coup c'était un pari assez osé.

La reine avait au moins réussi à éloigner pour un temps, le drow du milieu criminel de Binla. Mais au vue des moyens engagés par celle-ci, c'était un moindre mal.

Lorsqu'il fut hors de vue des remparts, Yorwan s'arrêta le long d'un petit cour d'eau et se débarassa de ses bandages. Puis il pris le temps de se laver et de remettre des vêtements normaux. Il se souvint alors qu'il avait dû laisser ses cimeterres chez lui à Binla, ce qui constituait un véritable handicap à ses yeux.